Les spaghettis
Assise et pensive devant la fenêtre. La pluie tombait depuis des heures maintenant, un peu comme pour en rajouter à la mélancolie de cette journée. Elle suivait de son doigt les gouttes s’échouant sur la vitre. Pendant ce temps, elle ne se rendait pas compte, que telles les gouttes de pluie, sur ces joues à elle, coulaient des larmes.
La sonnerie du téléphone se mit à sonner, mais elle ne bougea pas. Elle ne l’entendait probablement pas d’ailleurs. Le seul bruit qui lui parvenait encore était celui du cliquetis de cette pluie incessante.
Elle se sentait comme dans un monde parallèle : physiquement, elle était effectivement là, bien présente. Intérieurement, elle était en miettes, déchirée et ne se sentait plus vraiment elle-même.
Ceux qui la connaissaient bien auraient dit d’elle que c’était une femme forte, qui aimait rire de tout, qui aimait le monde, qui était curieuse.
Mais aujourd’hui, à cet instant même, assise sur ce gros fauteuil près de la fenêtre, que restait-il vraiment de cette femme ? Elle ressemblait plus à une petite poupée de porcelaine fragile ou à une poupée de chiffons chiffonnée et délaissée qu’à une jeune femme.
Elle avait toujours détesté les poupées, sans trop savoir pourquoi, celles-ci lui faisaient plus peur qu’autre chose, à cause de l’image figée et sans vie qu’elles renvoyaient souvent.
Et pourtant là, c’était bien à ça qu’elle ressemblait et elle aurait même bien aimé en avoir une vraie à serrer contre elle.
Puis non, ce n’était pas une poupée qu’elle voulait serrer contre elle. Elle devait être réaliste, elle voulait simplement pouvoir le serrer lui, une dernière fois.
Lui, cet homme qu’elle aimait si fort et qui avait quitté sa vie, comme ça du jour au lendemain.